A l’inverse de la canne du citadin qui est pur ornement, la canne du monde rural est souvent un objet primordial. Dans le cas du berger en particulier, la canne ou houlette est son seul outil.
Elle le soutient dans sa marche, le défend des loups et des serpents, l’aide à conduire son troupeau. Façonnée par son utilisateur, elle revêt des formes différentes selon les époques, les régions (bois différents de la canne corse, la canne de Camargue, le makila basque…) et le type d’élevage. Celle en usage dans le Massif Central, par exemple, est la « boulade ». Fabriquée dans une tige de noisetier, elle tire son nom de la racine renflée qui lui sert de pommeau.
Pour l’homme des champs nul besoin de passer par une manufacture. Il sait d’expérience faire le choix dans l’arbre ou sur la haie, de la branche la mieux adaptée mettant à profit parfois les déviations, les sinuosités de certaines tiges. Certaines d’entre elles ont pu être sculptées au couteau, d’un serpent, de lézards, de grenouilles, de feuillages, plus rarement de figures anthropomorphes. D’autres sont courbées : la tige choisie, chauffée avec modération, est recourbée à l’aide de coin de bois fichés en terre.
Canne d’art populaire monoxyle, sculptée d’une femme nue en pommeau, coiffée d’un chignon bas,elle tient entre ses bras et jambes le fût ,ses pieds reposant sur un serpent qui se déroule le long du bois. Travail Français fin XIX°
D’autres encore portent des traces de scarification. Au printemps, le berger incise sur l’arbre, la branche choisie, et à l’automne, après l’avoir coupée, la chauffe puis l’écorce et l’enduit de chaux ou de lessive et la frotte de graisse pour donner un bâton noueux et poli.