La Canne au Moyen Âge

La canne, objet ambulatoire et nobiliaire, devient obsolète au Moyen Age, la noblesse et le roi vivant soit confinée dans leur château, soit guerroyant à cheval, remplacent la canne par un symbole d’autorité du pouvoir temporel : le sceptre, qui n’apparaît qu’au IX° s, mais qui restera utilisé lors des sacres jusqu’à la révolution Française de 1789, ou la main de justice.

 

 

 

Toucher le sceptre, le baiser, était la plus grande faveur que pût ambitionner un sujet, comme aussi la plus grande preuve de soumission. Le plus ancien sceptre de notre monarchie paraît être celui de Clovis. Il était terminé par un aigle sur une touffe de feuillage.

CROSSES du V° au XI°

Dans les cérémonies publiques, nos rois sont représentés avec un sceptre d’une main et un bâton de l’autre, voulant indiquer par ces deux bâtons de genre très différent, leur sévérité à punir et leur puissance à récompenser.

CROSSE ST ZENON et ST GEROM

 

Les évêques portent eux une canne haute à poignée en Tau ou une crosse de plus en plus décorée en or, ivoire et enrichies de pierres précieuse ou émaux. La crosse est un peu par sa forme à l’image du lituus pontificius romain.

Les évêchés richement dotés, avaient reçu des domaines immenses, parfois des provinces entières, et les rois ayant donné le droit aux évêques de gouverner eux-mêmes leurs domaines, ceux-ci sont devenus de réels souverains.

Les attributions spirituelles et temporelles du bâton pastoral peut se résumer ainsi :

Car chacune des parties de la crosse a une signification : « Attirez par le haut bout, gouvernez par le milieu, corrigez par la pointe ».

 

Objet resté en vigueur aujourd’hui chez le pape (ferula apostolica) et ses évêques lors des grandes cérémonies.

EVEQUE TROYE X° et SUGER XII°

 

Quant aux « Seigneurs » abbés, ils ne rentraient en fonction que lorsque l’évêque leur avait remis leur bâton, ce qui leur donnait toute sorte de prérogatives : comme de s’affranchir de l’autorité de l ’évêque, marcher en tête à la procession, garder la tête couverte… leurs jugements avaient force de loi.
Selon la règle établie, l’abbé porte le bâton la recourbure tournée dedans signe de juridiction restreinte à son monastère, l’évêque tourne dehors la recourbure du sien pour signifier sa juridiction sur tout le diocèse.

PÈLERIN -LE PAUVRE

A la même période, de grands chantiers se créent pour bâtir les cathédrales et se seront des corporations de bâtisseurs, appelés compagnons, qui obligés d’aller de chantiers en chantiers réintroduiront le port de la canne, aide à la marche, objet de mesure et de portage.

 

Certaines sociétés l’avaient courte et pacifique, d’autres longue, bardée de fer et de cuivre et d’allure conquérante. Enlever sa canne à un compagnon était la suprême injure. Celui qui, dans une bagarre, l’avait arrachée à un autre considérait ce fait comme une action d’éclat.

COMPAGNONS – 1848

 

Au départ pour le tour de France, le compagnon qui partait, la portait sur l’épaule, tandis que ceux qui lui faisaient conduite la tenaient haute. Au mariage ou à l’enterrement d’un compagnon, on la portait la pointe en terre ou en l’air, selon le rite adopté. Mais toujours, dans les occasions exceptionnelles, elles étaient enrubannées aux couleurs de la société.

 

FÊTE de COMPAGNONS

 

Dans le port de la canne, objet toujours très symbolique, les compagnons voyaient un hommage rendu à Maître Jacques qui fût assassiné en 989 avt. J.C. et près duquel on trouva un bâton qui lui avait sans doute servi à se défendre.

Philippe Auguste fut le premier en 1191 à octroyer le bâton de Maréchal de France, 1° grade de l’armée, pour le commandement des troupes et qui sera aboli à la révolution.

La canne laïque quant à elle, devint à cette époque, une arme de combat. La constitution de Charlemagne, insérée dans la loi des Lombards, n’autorisait que le duel à la canne ; plus tard les seigneurs lui substituèrent l’épée et laissèrent les vilains vider leur différents à coups de bâton.

 

 

Au temps des croisades, on avait institué une sorte de tournoi dans lequel, au lieu des lances habituelles, on se servait de cannes en jonc ou en bois léger : c’était le jeu de cannes qui était très en faveur, dans les joutes sérieuses les bâtons étaient armés d’un fer en forme de lame appelé  » estoc  » d’où l’expression frapper d’estoc et de taille.

Quant aux Cannes de pèlerins appelées « Bourdon », qui a été béni avant de partir, utile à la marche vers St Jacques de Compostelle ou vers la terre Sainte, il sert à se défendre, à porter le baluchon, à cacher des reliques ou au transport d’épices et de matières rares.

BOURGEOIS à PARIS – XV

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